Le dynamisme du marché des biotechnologies est réel et de très nombreuses start-up se positionnent sur ce secteur innovant, souvent en soutien de grandes entreprises pharmaceutiques. Interview de Pierre-Olivier Goineau, Président de France Biotech.
Pouvez-vous nous expliquer les particularités des start-up du marché des biotechnologies ?
Au-delà des compétences des entrepreneurs et de leur créativité, la réussite d’un projet est conditionnée par trois facteurs liés que sont la mondialisation, le temps et les capitaux disponibles. En effet, ces sociétés innovent sur un marché mondial ultra concurrentiel où plusieurs équipes tentent de résoudre une problématique posée. Aussi, contrairement à d’autres marchés, la recherche est prépondérante et la rapidité du dépôt de brevet international conditionne la réussite entière d’un projet qui a pu mettre plusieurs années à émerger. Enfin, leur capacité à accélérer leur recherche dépend directement des capitaux qu’elles arrivent à lever.
Vous parlez du financement des start-up, comment cela se passe-t-il concrètement ?
Les jeunes entreprises innovantes bénéficient de soutiens importants de la part de l’Etat à travers les dispositifs proposés par la BPI, le Crédit Impôt Recherche, le label Jeune Entreprise Innovante… Des investisseurs comme les business angels apportent les premiers fonds. Ainsi, un contexte global et facilitant – grâce aussi à la collaboration naturelle avec des laboratoires de recherche publics – permet aux projets d’éclore. Mais le cycle d’émergence de produits commercialisables est long et après environ 18 ans, nos entreprises ont besoin de nouveaux capitaux pour poursuivre leur recherche, c’est là qu’elles rencontrent certaines difficultés à se financer, avec des besoins allant en moyenne de 10 à 40 millions d’euros. Sur d’autres marchés, le relai est pris par les fonds d’investissement et le capital risque, ce qui est malheureusement peu le cas sur notre secteur d’activité en France… Pour pallier à ces difficultés de financement, France Biotech milite auprès de notre gouvernement et de la Commission Juncker afin qu’1% des fonds placés sur l’assurance vie puisse être tourné vers les start-up de biotechnologies.
En revanche, quand les entreprises ont réussi à passer ce stade et qu’elles sont en phase de développement commercial, elles trouvent des capitaux en bourse ou auprès de grands laboratoires pharmaceutiques qui les rachètent ou les financent. Aujourd’hui nous comptons 57 sociétés cotées à la bourse de Paris, bourse devenue leader dans le domaine des biotechnologies pour l’Europe.
Quels sont les enjeux actuels de votre secteur d’activité ?
Outre l’enjeu financier, nous pouvons constater que les start-up innovantes françaises dans le domaine des biotechnologies sont assez douées pour trouver des solutions innovantes en termes de thérapies, de vaccins, d’implants et d’objets connectés. Pour un produit, ce sont souvent de multiples technologies qui sont employées. Ces recherches ont besoin d’être testées cliniquement ; pour cela une collaboration permanente et efficace avec le monde hospitalier est nécessaire, ce qui est aujourd’hui le cas. Par le contrat unique qu’elle impose, la loi Marisol Touraine risque de casser la flexibilité des hôpitaux à l’égard de nos start-up, leur fera perdre un temps précieux nécessaire à leur compétitivité. Compte tenu de la diversité incroyable de nos sociétés, en termes de maux concernés, de technologies employées et de besoins utiles, nous demandons à ce qu’une étude approfondie soit menée pour que les plus hautes instances reconnaissent nos spécificités et qu’un schéma unique de collaboration avec le monde hospitalier ne soit pas imposé.
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